Point de vue

Pour en finir avec « deux poids deux mesures »

Par : El Mostafa NAZIH

Le moins que l’on puisse dire sur la situation en Catalogne est qu’elle est confuse avec, d’une part, la prise de position mi-figue mi-raisin mardi 10 octobre de Carles Puigdemont, qui se trouve face à une opinion publique catalane divisée entre unionistes et séparatistes, et, d’autre part, le durcissement de ton de Mariano Rajoy qui a fixé à ce dernier un ultimatum de six jours (jusqu’au lundi 16) pour clarifier sa position.

Carles Puigdemont, Président de la région autonome de la Catalogne, a déclaré une presque indépendance en décidant de « suspendre » sa mise en œuvre. « Le gouvernement catalan et moi-même proposons que le Parlement suspende les effets d’une déclaration d’indépendance afin de pouvoir entreprendre dans les prochains jours un dialogue », a-t-il dit. C’était dans son discours de mardi soir prononcé dans l’enceinte du parlement régional à Barcelone.

Pourquoi ce soir-là une bonne partie du monde était suspendue à ce discours?

D’abord, il semble que jusque-là, nombre d’amateurs du football fans du Barça ne connaissaient Barcelone que par le Barça avec son créatif Lionel Messi ; elle est en fait la capitale administrative et économique de la Catalogne dont le nombre d’habitant dépasse les 7 millions et demi. D’autres plus branchés sur le tourisme savent que c’est une destination touristique mondiale, par excellence ; et grand nombre de gens ne sont pas au courant de ces histoires politiques d’autonomie, d’anti-indépendance ou de séparatisme.

Ensuite, ce soir-là, la médiatisation y était pour quelque chose. En effet, les transmissions TV en direct aidant, et surtout des Sites d’information qui ont déployé l’effort exceptionnel de transmettre le fil des évènements minute par minute, ont fait vibrer les cœurs en Espagne et ailleurs. Et même des milieux anti-marocains qui se sont  toujours inquiétés de la situation dans le Sahara marocain (au Sud) sans jamais prendre la peine de venir s’informer sur place pour constater de visu que le Sud du pays est paisible, se développe, à l’instar du Nord selon les moyens disponibles et la conjoncture régionale et internationale, mais qu’il connait parfois, à l’instar du Nord (faut-il le répéter), des revendications sociales et économiques, ce qui est tout-à-fait naturel.

Il semble enfin, ce soir-là, que ces milieux qu’ils soient en Espagne ou ailleurs retenaient leur souffle en attendant le discours de Puigdemont retardé d’une heure et quelques minutes. Elles ont vécu ce retard comme une éternité, de crainte d’une déclaration séparatiste de cette région autonome du Royaume d’Espagne.

Certaines voix s’élevaient, dans le passé et ces dernières années, dans le pays de Cervantès et dans d’autres pays européens pour soutenir le mouvement séparatiste du polisario. On peut, à ce propos, légitimement se demander, comment se fait-il que ces voix qui se déclarent jalouses de l’intégrité territoriale du Royaume d’Espagne se voient inconséquentes quand il s’agit de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc ? Et puis, jusqu’à quand continueraient-elles leur politique de deux poids deux mesures ?

Soyons conséquents!

Au moins au Maroc, il y a une position claire quant à la préservation de l’unité et de l’intégrité territoriale des pays et au rejet du séparatisme ici et ailleurs. A la suite, en effet, du discours/déclaration de Carles Puigdemont, le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a souligné, dans un communiqué, que le Royaume du Maroc, fidèle comme il l’a toujours été au respect des principes du droit international, rejette le processus unilatéral d’indépendance de la Catalogne, et exprime son attachement à la souveraineté, à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du Royaume d’Espagne.

Déjà Rabat avait annoncé son soutien à Madrid le 21 septembre 2017. C’était par la voix de son porte-parole Mustapha El Khalfi que le gouvernement marocain avait déclaré qu’il est avec la position annoncée au niveau de l’Espagne au sujet du référendum en Catalogne. « Le Maroc a des constantes sur lesquelles repose sa politique étrangère. C’est pour cette raison que nous sommes avec la position annoncée au niveau de l’Espagne au sujet du référendum en Catalogne », avait déclaré El Khalfi après le rejet par Madrid du référendum d’autodétermination annoncé de manière unilatérale par la Catalogne.

Et pour rafraîchir éventuellement les mémoires, il n’y a pas de mal à rappeler aux milieux qui soutiennent les séparatistes du polisario souhaitant la division du Maroc en Nord et Sud  que malgré leurs manœuvres qui tentaient de mettre des bâtons dans les roues du développement dans la région du Sahara, cette dernière a finalement bénéficié d’un nouveau modèle de développement en novembre 2015. Un modèle qui mobilise des investissements de l’ordre de 77 milliards de dirhams pour qu’elle joue pleinement son rôle en tant que passerelle régionale, hub économique africain et lien avec l’Europe.

Face aux évènements en Espagne (crise de la Catalogne après celle du Pays basque), qui risqueraient de faire boule de neige dans certaines régions en Europe, ces milieux se doivent de s’interroger sur la limite des ambitions.

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