Point de vue

Financement de la force antiterroriste du G5 Sahel

La conférence internationale des donateurs du G5 Sahel, tenue vendredi 23 février 2018 au siège de la Commission européenne à Bruxelles, a donné lieu, au bout du compte, à une promesse de contribution au financement par l’Union européenne (UE) de la force militaire constituée par les cinq pays africains, directement concernés, pour lutter contre les groupes terroristes qui opèrent dans la région du Sahel.

Les pays du G5, Mali, Mauritanie, Tchad, Burkina Faso et Niger, en l’occurrence, sont engagés dans la constitution de la force antiterroriste commune dans la région.

Cette force, devant compter 5.000 soldats bien entraînés et équipés pour assurer les patrouilles aux points chauds, devrait-être pleinement opérationnelle à la mi-2018 afin d’épauler les 4.000 soldats de la force française Barkhane et les 12.000 hommes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali.

-Au-delà de la promesse, qu’y a-t-il de concret pour cette force commune ?

Les avis sont partagés à ce sujet puisqu’au moment où des dirigeants africains regrettent que l’argent tarde à être débloqué, la haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, estime qu’« au total, avec les contributions des autres donateurs, 414 millions d’euros ont été mobilisés vendredi pour la force (du G5 Sahel). Cela va bien au delà des attentes ». « Mais à ce jour, seulement 50 millions d’euros, ceux engagés par l’UE en juillet, ont été débloqués », admet-elle, tout en soulignant que « le prix de ne pas avoir la paix se paie chaque jour ».

« Nous souhaitons que les ressources promises soient débloquées le plus rapidement possible », réagit, de son côté, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, président en exercice du G5 Sahel. « L’effort financier doit être rendu pérenne », devait-il marteler car les « 480 millions d’euros sont nécessaires pour la première année, mais 75 millions d’euros devront ensuite être mobilisés chaque année, en sachant que nous ne savons pas combien de temps va durer ce combat ».

Voilà qui est dit, et en des termes, on ne peut plus clair. Il devait également ajouter que « le combat que nous menons contre le terrorisme au Sahel, nous le menons aussi pour le reste du monde. Pour cette raison, l’Union européenne et la communauté internationale doivent être solidaires avec le Sahel ».

Le président du G5 Sahel a particulièrement attiré l’attention sur la situation en Libye en ces termes : « Tant que nous n’arriverons pas à éteindre le chaudron en Libye, il sera difficile de créer les conditions de la sécurité au Sahel ».

-Comment répondre à la problématique ?

Et pour mettre le doigt sur la plaie, il a mis l’accent sur la problématique des causes et des solutions, du fait que la solution militaire n’est pas à elle seule suffisante face au terrorisme, en soulignant que, certes, « il faut une victoire militaire, mais sur le long terme, il faut aussi le développement ».

Lui emboîtant le pas, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, tire la sonnette d’alarme sur le fait qu’« il faut éviter que le Sahel devienne un sanctuaire pour les groupes djihadistes, car le Sahel c’est la porte à côté de l’Europe ».

Sur ce, l’UE répond à l’appel, à Bruxelles, en doublant sa contribution financière à la force militaire conjointe du G5 Sahel, portée de 50 à 100 millions d’euros.

Aussi, sur cet élan, le président français Emmanuel Macron fait remarquer que les Européens ont tout intérêt à aider à stabiliser le Sahel « devenu une terre où se sont développés les trafics d’êtres humains, de drogue, d’armes, qui nourrissent ce terrorisme ».

Dans ce registre, la France et l’Allemagne ne pouvaient rester indifférentes et annoncent, par conséquent, des contributions bilatérales importantes en aide au développement : 1,2 milliard d’euros sur cinq ans pour la France et 1,7 milliard pour l’Allemagne. L’UE budgétise également, dans le même cadre, 8 milliards d’euros pour l’aide au développement sur la période 2014-2020.

A Bruxelles, en somme, c’était une conférence d’envergure qui a réuni trente-deux chefs d’État et de gouvernement. Elle était organisée sous l’égide de l’UE ainsi que plusieurs autres partenaires dont l’ONU, l’UA et la CEDEAO, outre des bailleurs de fonds institutionnels tels que la Banque mondiale ou la BAD.

En plus des chefs d’État des pays membres du G5 Sahel, ont participé à cette conférence plusieurs pays européens et les pays qui ont répondu présents à la sollicitation française dont l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, les États-Unis ainsi que de nouveaux partenaires tels que le Maroc, l’Afrique du Sud, la Turquie, le Japon et la Chine. Tous ont apporté leur soutien politique et financier aux dirigeants du Mali, de la Mauritanie, du Tchad, du Burkina Faso et du Niger. L’antiterrorisme mobilise… le train est sur les rails.

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