La stratégie marocaine en Afrique confortée
Par : El Mostafa NAZIH
Les conventions approuvées par le Roi Mohammed VI en conseil des ministres le 20 août 2018 à Rabat sont à caractère économique, concernent les relations avec des pays africains et sont en droite ligne avec la consolidation de la présence de l’entreprise marocaine dans différents secteurs.
Il va sans dire que lesdites conventions entrent dans le cadre de la coopération gagnant-gagnant que Rabat fait sienne ; laquelle coopération -socio-économique en fait- avec le reste du continent bénéficie de la haute sollicitude du Roi, d’où son efficience et sa crédibilité. Nombre de ces conventions ont été signées d’ailleurs en présence du Souverain lors des tournées royales à travers le continent.
Au cours de ce conseil des ministres, le Roi a approuvé 14 conventions internationales appuyées par des lois, dont deux à caractère multilatéral. L’une de ces dernières porte sur l’interdiction de l’importation en Afrique des déchets dangereux et le contrôle et la gestion des mouvements transfrontaliers.
Quant aux « 12 conventions bilatérales, elles portent sur le renforcement des relations avec des pays frères et amis, notamment en Afrique, dans divers domaines comme la coopération en matière d’encouragement et de protection mutuelle des investissements, d’énergie, de logistique, de services aériens, de transport international routier, d’agriculture et d’élevage, de pêche maritime et d’aquaculture, de sécurité et de lutte contre la criminalité, de la formation professionnelle dans le domaine agricole et d’encadrement technique, ainsi que de la non double imposition dans le domaine des impôts sur le revenu », selon un communiqué officiel.
-Le Maroc, un investisseur potentiel en Afrique
Ces conventions sectorielles et diversifiées balisent le terrain à la concrétisation de la coopération Sud-Sud dans certains domaines et à sa consolidation dans d’autres, confortant ainsi la stratégie marocaine dans le continent.
Le Maroc constitue un investisseur potentiel dans son espace africain. En effet, grâce à son rang de 1er investisseur africain en Afrique de l’Ouest, de 1er investisseur étranger en côte d’Ivoire devant la France et de 2ème investisseur africain dans le continent, le Maroc est attractif pour les pays africains parce qu’il avait opté pour un partenariat Sud-Sud, avec une option socio-économique, au moment où des puissances étrangères avaient le souci de l’exploitation des matières premières.
Lorsqu’on se réfère aux chiffres de l’Office des Changes du Royaume, on constate que les investissements directs marocains en Afrique ont atteint un niveau record en 2010 avec 4,6 Milliards de DH, soit 92,2% du total des investissements directs marocains à l’étranger (IDE) ; ce qui signifie clairement que le Maroc consacre ses investissements à l’étranger à l’Afrique.
Ces investissements ont enregistré une croissance annuelle moyenne de 4,4% sur la période 2008-2015. Ils représentent, aussi, une moyenne de 89,5% du total des flux des IDE sortants du Maroc vers le continent et 53,1% du total des IDE marocains à l’étranger sur la période de 2008 à 2015.
En somme, les investissements marocains ne peuvent qu’être créateurs d’emplois, valorisant des ressources humaines et contribuant au développement durable au niveau du continent.
-Des actions pour l’excellence des relations
Par ailleurs, l’approche marocaine, d’une part, de la migration, avec la régularisation de plus de 28 milles personnes, et celle, d’autre part, du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique, confortée par l’élection du Royaume au Conseil de Paix et de Sécurité (CPS), le 26 janvier 2018 à Addis-Abeba, contribuent à renforcer le climat de l’investissement et à booster le développement économique et social.
A souligner que l’entrée du Maroc au CPS de l’Union africaine (UA) consacre son rôle reconnu en tant que force de paix dans le continent et au-delà dans le monde.
Bénéficiant de sa situation géostratégique au Nord-Ouest du continent, avec son arsenal juridique moderne et avancé dans plusieurs secteurs, sa stabilité politique et son ouverture sur le monde ainsi que ses accords de libre-échange avec nombre de pays (Etats-Unis, Turquie et pays arabes), outre son statut avancé avec l’Union européenne, le Maroc constitue un partenaire privilégié aussi bien pour l’Afrique subsaharienne notamment que pour l’Europe. Ses relations diplomatiques et politiques puisent leur excellence dans la solidarité, le respect mutuel et le principe de non-ingérence.
Le retour à l’UA, le 30 janvier 2017 à Addis-Abeba, était salué en Afrique et ailleurs. Le Souverain avait souligné que « par ce retour, le Maroc entend poursuivre son engagement au service de l’Afrique et renforcer son implication dans toutes les questions qui lui tiennent à cœur. Il s’engage, ainsi, à contribuer, de manière constructive, à l’agenda et aux activités de l’UA ».
Au sujet, particulièrement, de l’adhésion du Royaume à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il faut faire remarquer qu’il est tout à fait naturel que le processus prenne du temps. S’il est vrai que dans certains pays de cet espace économique, quelques lobbies s’activent dans certains milieux pour faire obstruction à ce processus, force est de dire qu’ils ne peuvent qu’être minoritaires et finiront par se convaincre qu’on ne peut arrêter le train en marche, ni aller à contre-courant de l’histoire, et devront prendre conscience que le Maroc est crédible sur le plan diplomatique et politique et qu’il était déjà un partenaire économique de leurs pays -statistiques des échanges commerciaux à l’appui- avant le lancement du projet d’adhésion.