Acte de 2018 : une politique migratoire humaniste face aux discours xénophobes

Par : El Mostafa NAZIH
L’an 2018 aura renseigné, en guise de fait marquant, sur un accord universel, sous la manchette de « Pacte mondial sur les migrations » ou « Pacte de Marrakech », avec lequel il faudrait désormais compter.
Que le recours pour stopper la migration soit à l’arsenal juridique, à la construction de barrières ou à la répression, ces mesures ne pourraient à la rigueur que la limiter, le besoin d’émigrer, qui s’extériorise parfois, faisant partie de la nature humaine.
Bien que le facteur économique -lié au système politique, à la situation sécuritaire ou de guerre- s’y greffe, le besoin de mouvement, de voyage, d’émigration vers d’autres cieux, pour une raison ou pour une autre, demeure ancré en l’être humain.
Lors de la Conférence intergouvernementale de Marrakech sur la migration, différentes facettes de cette question-problématique, qui revient toujours sur le tapis, ont été appréhendées avant l’adoption d’un Pacte mondial historique qui devrait être un instrument de travail pour traiter la question.
La Conférence et le pacte qu’elle a enfanté, dont l’adoption a été largement saluée ici et là et qui a, parallèlement, déclenché certaines crises politiques notamment en Belgique et engendré de la méfiance, voire l’opposition farouche à son égard aux Etats-Unis, ont pris le taureau par les cornes concernant les ramifications et les contours d’un phénomène social qui dérange, et d’avoir jeté les bases pour une meilleure perception dans l’espoir de l’humaniser.
-Choix du Maroc
L’ONU a désigné en décembre 2017 le Maroc pour abriter en décembre 2018 la Conférence intergouvernementale, un choix qui constitue une consécration de la politique migratoire du roi Mohammed VI, lancée en 2013.
Ce choix du Maroc pour abriter cette conférence rappelle que le Royaume s’était distingué, au niveau régional du moins, par son approche humaniste et solidaire quant au phénomène de la migration notamment à partir de 2014, bien que dans les faits le pays était toujours considéré comme une terre d’accueil, dans la tolérance et la modération, et que son peuple est traditionnellement cité dans le reste du monde comme hospitalier et celui du partage.
Sur cette tradition, Rabat a adopté depuis 2014 une politique d’immigration et d’asile axée sur l’intégration durable des migrants par les voies de l’éducation, la santé et l’emploi ainsi que l’encouragement de l’initiative, malgré les moyens limités, au moment où certains pays ont été pointés du doigt pour des expulsions de migrants.
Ceci dit, on ne peut ne pas faire remarquer au passage que depuis la fermeture de l’accès à l’espace européen par la frontière turco-grecque et la décision de l’Italie de ne plus accueillir les migrants, le Maroc est soumis encore plus à l’afflux migratoire, comme s’il payait le prix fort de sa situation géographique et de sa réputation de pays accueillant. D’ailleurs, la Marine Royale ne cesse de porter secours aux candidats à la migration illégale en méditerranée notamment, où ils se trouvent à bord d’embarcations de fortune en difficulté, pour les ramener aux ports les plus proches.
-Des migrations sûres, ordonnées et régulières
Dans le cadre de cette problématique mondiale de la migration, et au niveau africain, le roi Mohammed VI a été chargé, en mars 2017, de coordonner le programme de l’immigration au sein de la nouvelle commission de l’Union africaine ; de même que le 31ème Sommet africain, tenu à Nouakchott en juillet 2018, a adopté la mise en place de l’Observatoire Africain des Migrations au Maroc, suite à la proposition du Souverain, en sa qualité de Leader de l’UA sur la question de la migration. Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union avait auparavant adopté le 11 mai 2018 la proposition royale, d’établir un Observatoire Africain des Migrations.
Etant donné que le phénomène continuera à susciter des débats, l’ONU ainsi que les pays signataires du Pacte historique de Marrakech ont prévu de ne pas en faire un instrument « contraignant », évitant ainsi les frictions éventuelles -naturelles après tout- autour d’une question complexe et vieille comme le monde. Le pacte laisse, par conséquent, les Etats totalement souverains en termes de politique migratoire, mais insiste sur ses maîtres mots à savoir, « des migrations sûres, ordonnées et régulières ».
En tant que première mondiale en matière de traitement de la migration, la Conférence de Marrakech a relancé les débats pour une nouvelle approche à même de contrecarrer les discours xénophobes qui stigmatisent les migrants à des fins électoralistes, faisant d’eux les boucs émissaires de nombre de maux de ce monde. Si les engagements pris par les pays signataires du Pacte de la ville ocre sont respectés, la politique migratoire humaniste et solidaire tant espérée sera instaurée.