Gestion des risques : La lutte anti-corona au Maroc, un modèle de gestion multidimensionnelle

Rien d’étonnant à ce qu’au Maroc, la déclaration quotidienne télévisée du ministère de la Santé devienne un rendez-vous incontournable attendu et suivi avec intérêt, émotion et l’espoir de voir où en est le combat mené au jour le jour par le corps médical national, civil et militaire, contre le coronavirus ; un ennemi invisible qui défie l’humanité et qui met la gestion des risques à rude épreuve.
Par : El Mostafa Nazih
D’un seul coup l’être humain est devenu l’axe, et la médecine en première ligne à l’échelle planétaire.
Au Maroc, le combat national contre la pandémie a donné de l’espoir, notamment depuis l’enregistrement de zéro décès en 24 heures, annoncé le 14 avril 2020, et le dépassement de la barre des 100 guérisons en 24 heures, avec l’annonce de 102 rémissions, faite le 28 avril. Et au moment où nous mettons cet article en ligne, ce lundi 4 mai, 215 nouvelles guérisons sont enregistrées dans différents hôpitaux du Royaume durant les dernières 24 heures.
Macro-économiquement et macro-socialement parlant, la lutte au Maroc contre le nouveau coronavirus, dit COVID-19, constitue un modèle de gestion du risque, sachant que la gestion a démarré dès l’apparition, le 2 mars, du premier cas de contamination d’un marocain venant d’Italie. Plusieurs médias dans les différents continents se sont fait l’écho de cette lutte qualifiée désormais de stratégie, de modèle, d’exemple et de cas d’école sur l’échiquier mondial. Certains ont de même rappelé l’exception marocaine. Et pour cause : les volets qui s’invitent à tout pays touché en ces circonstances, ceux de la santé, de l’économie, du social et de la sécurité en l’occurrence, sont gérés par approche anticipative dans le cadre des ressources et des moyens du pays.
-La riposte socio-économique

En effet, juste après l’apparition du premier cas de coronavirus, les vols passagers ont été suspendus, les frontières, les écoles, les cafés, les stades, les salles de sport et les mosquées fermés, et les festivals et les évènements culturels reportés. Puis le confinement a été décrété le 20 mars parallèlement à l’état d’urgence sanitaire. Dès que le port des masques est devenu obligatoire, le 7 avril, les entreprises de textile ont adapté leur procédé de fabrication pour en produire des millions par jour, mis à la disposition des pharmacies et des commerces de proximité au tarif public de 0,80 DH puisqu’ils sont subventionnés par le Fonds spécial de lutte contre le coronavirus, créé sur instructions du Roi Mohammed VI dès le 15 mars. Lequel fond s’occupe également du renforcement des moyens des hôpitaux, de la situation des entreprises en difficulté, des affiliés à la CNSS (Caisse nationale de Sécurité sociale), des travailleurs du secteur informel, de ceux qui ont le RAMED (Régime d’Assistance Médicale) ainsi que des ménages qui ne l’ont pas.
D’autres firmes industrielles se sont jointes aussi à la riposte nationale de santé anti-corona pour lancer la production des respirateurs destinés aux urgences.

Le succès de la riposte nationale, à tous les niveaux, mis en exergue d’ailleurs par tant de personnalités à l’étranger, appartenant aux milieux politique, économique, de la Santé et médiatique, est tributaire, faut-il le rappeler, de la mobilisation nationale et la solidarité sociale ; deux piliers culturels de la société marocaine qui se mettent en branle dans les grands moments de l’histoire.
-Vers un déconfinement progressif ?
Malgré le nombre de guérisons en augmentation continue et l’acquis relevé depuis la mise en place stricte du confinement pour un mois, l’état d’urgence sanitaire a été prolongé pour un mois encore, jusqu’au 20 mai, parce qu’il faut dire, en même temps, qu’on n’est pas encore complètement sorti de l’auberge.
Toute proportion gardée, des décès ainsi que de nouveaux cas de contamination par le COVID-19 sont encore annoncés par le ministère de la Santé, suite aux résultats d’analyses au laboratoire. En plus des personnes qui étaient en contact avec un patient, de nouveaux foyers familiaux et au sein de certaines entreprises sont apparues. La vigilance et le réalisme restent donc de mise ; et tout assouplissement éventuel du confinement ne pourrait être que progressif et sectoriel, selon la situation sanitaire afin d’éviter, à Dieu ne plaise, un retour à la case départ.
-Quand les Marocains parlent d’une seule voix
On ne le répétera jamais assez, le vibrant hommage est renouvelé à tous les corps professionnels qui militent pour qu’on arrive à bon port, à savoir ceux de la santé, de l’autorité et la sécurité, de l’administration qui préserve la continuité du service public, de l’entreprise qui assure la poursuite de l’activité économique et de l’enseignement qui fait un travail à distance notable, armé de volontarisme et de patience afin d’aider les élèves à garder au moins leur niveau d’avant-confinement.
Force est de relever surtout que dans les crises majeures comme celle que nous vivons actuellement, ainsi que lors d’événements exceptionnels à l’instar de celui de la Marche verte (1975), les Marocains -toutes composantes confondues- qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur, font front commun et parlent d’une seule voix grâce à l’institution monarchique, socle de l’identité et de la stabilité du pays.