Point de vue

A l’ère du Coronavirus…

Par : El Mostafa NAZIH

L’avant et l’après-Corona s’impose désormais à tous pour en tirer les enseignements nécessaires à l’échelle nationale et dans les relations bilatérales et multilatérales.

L’épidémie du nouveau coronavirus a mis les Etats, quel que soit leur niveau de développement, face à la gestion d’une crise d’un genre nouveau, inattendu, ce qui fait que la riposte, ici et ailleurs, n’était pas prévue et pas toujours adaptée même dans les pays développés.

Les défis étaient évidemment d’ordre sanitaire, économique, social et sécuritaire, exigeant l’adoption de stratégies intégrant de multiples volets.

-Gestion de la crise

Dans ce cas de figure, le Maroc, qui fait partie des pays dont les ressources sont limitées, a, pourtant, excellé non seulement dans son contexte africain, mais surtout au-delà, surprenant certains observateurs et s’accaparant l’admiration de tant d’autres dans les différents continents, ce qui a été reflété dans plusieurs médias. Il est vrai qu’il était classé, en 2017, pays émergent le plus performant en Afrique, selon le deuxième Classement annuel des pays africains concernant l’émergence économique, diffusé en son temps à Dakar (Sénégal) ; mais à cause du grand flux d’informations, la mémoire à court-terme a tendance à avoir une longueur d’avance.

Dans la rive nord de la Méditerranée notamment, la prise en considération de la nouvelle situation, qui a révélé les capacités d’innovation du Maroc et l’exploitation de certaines des opportunités offertes par son secteur industriel lors de cette crise mondiale, sera certainement à l’ordre du jour des agendas des décideurs économiques et politiques et ce, dans un cadre bilatéral et multilatéral.

La délocalisation d’activités industrielles et tertiaires, opérée par nombre de pays, tantôt saluée par leurs milieux d’affaires, tantôt décriée par leurs syndicats de travailleurs, s’est avérée plutôt bénéfique notamment pour des pays de l’Union européenne (UE) quand elle est orientée vers le Maroc qui est à 14 km de l’Europe. Si la position géographique du Royaume du Maroc, sa stabilité politique, son ouverture sur l’extérieur et ses valeurs séculaires de tolérance étaient toujours mis en avant, cette crise-surprise, inédite est survenue pour attirer l’attention non seulement sur une réalité déjà connue, mais surtout pour rappeler les intérêts économiques (réduction des coûts de fabrication et de la charge salariale notamment) qu’offrent les investissements dans ce pays voisin du vieux continent, partenaire économique traditionnel à la rive sud de la Méditerranée.

Le Coronavirus laisse des traces. L’après-Corona connaîtrait une étape de balbutiement avant que s’installerait un repositionnement des Etats sur la scène internationale à la suite de la gestion et de l’impact. Il en serait de même au niveau des entreprises.

Dans cette perspective de post-Corona, les réalisations des secteurs agricole et industriel du Maroc – qui a le Statut Avancé auprès de l’UE depuis 2008 – laissent présager une intensification des relations entre les parties, étant donné que les pays de l’UE auraient besoin d’amortir leur dépendance envers les importations de l’Asie. 

A l’adresse de l’Afrique, parallèlement, le signal fort émis par Rabat pour établir un cadre opérationnel visant à accompagner les pays du continent dans leurs différentes phases de gestion de la pandémie, a eu des échos favorables et a traduit encore une fois l’esprit de solidarité africaine qui a toujours prévalu dans le Royaume ainsi que l’œuvre en faveur de la coopération sud-sud.

-Solidarité et responsabilité

Sur le plan interne au Maroc, qui prépare un nouveau modèle de développement après la création d’une commission spéciale dédiée à ce projet, la gestion de cette crise a montré qu’il y a moyen de diversifier les exportations, de s’adapter à la demande en tirant profit des compétences nationales et de poursuivre sur la voie de création de la richesse tout en continuant à consolider les relations de confiance avec les partenaires économiques et financiers, dont les bailleurs de fonds.

L’espoir majeur, toutefois, est de pouvoir capitaliser sur les acquis sociaux réalisés grâce à l’élan de mobilisation, de solidarité et de responsabilité qui a refait surface au sein de la société marocaine grâce aux initiatives du Roi Mohammed VI. C’est ainsi que le nombre de structures d’accueil sanitaires a été augmenté dans les différentes régions dans un souci de proximité, les hôpitaux existants ont été rénovés et dotés de plus de moyens humains et matériels, les affiliés à la Caisse nationale de Sécurité sociale ont reçu un soutien financier, ceux exerçant dans l’informel également ainsi que les « RAMEDistes » (ayant la carte du Régime d’Assistance médicale), les entreprises aussi ont été soutenues par le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Coronavirus, créé à l’initiative du Roi dès le départ de la stratégie de riposte, etc.

-Pour un développement inclusif

Si le Souverain a accordé, dans ces circonstances, un délai supplémentaire de six mois à la Commission spéciale sur le Modèle de Développement, c’est pour permettre à la Commission « d’approfondir les différents volets du modèle de développement projeté et d’intégrer dans ses travaux les implications et transformations engendrées par la pandémie de la Covid-19, ainsi que les enseignements qu’il convient d’en tirer à moyen et long termes aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale », comme cela est particulièrement souligné dans un communiqué rendu public par la Commission.

Le souhait est qu’on puisse préserver ce qui a été réalisé en matière de santé (infrastructures et ressources humaines), booster l’emploi des jeunes diplômés, œuvrer au développement inclusif dans le cadre de la régionalisation, et continuer, par ailleurs, l’effort de cultiver l’esprit de solidarité et de responsabilité, autant que possible.

Tout modèle de développement est sociétal, où s’entremêlent l’économique, le social et le politique. Il n’est pas éternel. Il est d’étape. Mais pour survivre pendant une période raisonnable, il doit, en même temps, tenir compte du volet social.

La dimension sociale n’est pas toujours du goût des bailleurs de fonds internationaux. Hélas, il y va de la pérennité de la paix sociale eu égard à la situation peu reluisante en matière de Santé et d’Emploi qui ne date pas d’hier. Au vu de la donne actuelle, qui a fait émerger, à nouveau, de bonnes valeurs humaines de la société marocaine, le post-Covid19 serait un tournant historique pour le social ; et quoi de mieux qu’à partir des travaux de la Commission.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité