Culture & Arts

Du relâchement dans l’air… «Corona» racontée !

Par : El Mostafa NAZIH

Un cas de « Corona » (comme on dit couramment) venait d’être détecté ce jour-là dans ce service des urgences à Casablanca. On était un week-end et le médecin de service était au four et au moulin :

En ordonnant l’interdiction d’accès à la salle de consultation, il était au téléphone pour l’évacuation du patient par les équipes de prise en charge des infections au Coronavirus (Covid-19), tout en informant les proches, qui accompagnaient l’homme concerné, du constat qui venait d’être confirmé au service de la radiologie. L’une des proches, une jeune femme, n’a pas résisté au choc du constat. Elle a éclaté en sanglots. J’imagine que c’est sa fille. Mais je peux me tromper. L’homme est âgé de 70 ans, dit-on, et ne respirait pas bien, semble-t-il. Enfin, l’évacuation étant accomplie, le docteur était en même temps en explication avec le « commando » de nettoyage des locaux.

Dans l’autre espace aménagé en guise de salle d’attente pour respecter la distanciation sociale, un certain malaise commençait à se faire sentir comme si le danger de la contamination guettait l’assistance. Le docteur n’a pas hésité à intervenir pour calmer les esprits et rappeler que le médecin est en contact avec le malade et que c’est lui qui courrait tout risque éventuel. C’est ce qu’on appelle « être en première ligne ».

Après cette scène, un silence d’église s’est installé et au moment où la salle s’est brusquement plongée dans une sorte de méditation, le docteur a demandé à l’un des éléments de l’équipe de nettoyage de lui apporter un sachet pour y mettre sa tenue. Apparemment par précaution. Il devait aussi se laver ou prendre une douche rapidement. Je ne sais pas comment ça se passe. Il s’est changé et il a repris son service. On dirait que les malades à la salle d’attente – pourtant masqués – venaient de prendre soudain conscience que « Corona » est encore parmi nous et que tout relâchement serait fatal. C’est comme en boxe : tant qu’on est sur le ring, on ne doit jamais baisser la garde. Ceci dit, le constat général est que le masque, qui coûte heureusement 0,80 DH seulement au Maroc, est largement porté ; mais le relâchement est bien visible dans certains espaces comme si le « Corona » était déjà sur le tapis, battu par un KO, alors que dans d’autres lieux publics il s’agirait plutôt d’un relâchement dans la discipline. De telles réactions publiques ne sont-elles pas humaines après une longue période de confinement, me suis-je demandé ? Les sociologues pourraient les interpréter, me suis-je dit.

De l’inquiétude, il y en a. Il faut bien le dire. Le bilan quotidien annoncé par le ministère de la Santé faisant état de contaminations et de décès – parallèlement aux cas de guérison – ne peut ne pas inquiéter. A chaque jour, son lot d’infections ici et ailleurs. Le déni de la maladie à Coronavirus n’a pas raison d’être. Les générations futures sauront qui est Didier Raoult, Moncef Slaoui et d’autres. Peut-être. C’est une question d’histoire.

En Europe, des pays récalcitrants viennent de rejoindre ceux ayant rendu le port du masque obligatoire dans le cadre des gestes barrières. En USA aussi. Donald Trump vient, enfin, de rentrer dans le rang ; un peu plus tard que Boris Johnson, le Premier ministre britannique. C’est pour dire qu’on n’est pas sorti de l’auberge et que cette situation pourrait perdurer malheureusement au-delà de l’an 2020. Une sombre perspective sanitaire et économique plane sur le monde… J’espère me tromper.

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