Le dénommé Brahim Ghali en Espagne, une violation flagrante des accords internationaux (Al-Ahram)
Le Caire – L’accueil du chef du “front polisario”, le dénommé Brahim Ghali, sur le territoire espagnol de manière secrète et avec une fausse identité, alors qu’il est recherché par la justice espagnole pour crimes de guerre, constitue une duplicité et une violation flagrante des accords internationaux et des normes européennes de visa Schengen, a indiqué le journal égyptien Al-Ahram.
Après la révélation du problème par les médias, l’Espagne a prétendu que son comportement était dû à des raisons humanitaires, pour traiter la personne concernée de complications liées à la Covid-19, ce qui porte atteinte à la crédibilité de son discours véhiculé sur le bon voisinage et le partenariat stratégique avec le Maroc, a souligné le quotidien dans un article d’opinion intitulé « La crise hispano-marocaine et l’horizon d’une solution ».
Il a ajouté qu’en dépit des accords entre Madrid et Rabat au niveau sécuritaire, les services de renseignement espagnols n’ont pas informé leurs homologues marocains de cet accueil.
« Madrid s’est trompée en pensant que permettre au chef du polisario d’entrer sur son territoire pourrait passer sans tollé médiatique et sans provoquer une crise diplomatique avec Rabat, qui a déjà commencé avec la convocation par le Maroc de son ambassadeur à Madrid et qui pourrait aller jusqu’au gel des relations entre les deux pays », poursuit le journal.
Il a rappelé à cet égard que « les deux pays ont conclu plusieurs accords concernant la lutte contre l’immigration clandestine et que le Maroc a été très coopératif dans ce sens, volontairement et pour peu ou pas de retour », notant que ce que le Maroc obtient en moyenne de l’Union européenne « ne dépasse pas 300 millions d’euros par an, c’est-à-dire moins de 20% du coût supporté par le Royaume dans la lutte contre l’émigration clandestine ».
Le Maroc avait toujours défendu les relations de bon voisinage et pris en compte les intérêts stratégiques de ses partenaires, qu’il s’agisse de l’Espagne ou de l’ensemble des pays de l’Union européenne, rappelle la publication.
Elle précise ainsi qu’au cours des quatre dernières années, le Maroc a démantelé 8.000 cellules de trafic d’êtres humains, avorté 14.000 tentatives d’émigration clandestine, dont 80 tentatives de prise d’assaut de la ville de Sebta occupée, et échangé plus de 9.000 informations sur l’émigration clandestine avec l’Espagne.
« Suite à la décision du Maroc de suspendre la coopération dans le domaine de l’émigration et de la sécurité, le coût sécuritaire et social sera très cher non seulement pour l’Espagne, mais aussi pour l’ensemble de l’Union européenne, et le gel des relations entre les deux pays, s’il se produit, aura un coût économique très élevé pour l’Espagne », ajoute le journal.
Il fait observer ainsi que le Maroc constitue la 8ème destination des exportations espagnoles et la deuxième en dehors de l’Union européenne après les États-Unis, ce qui offre des milliers d’opportunités d’emploi aux Espagnols, puisque 76% de ces exportations sont des produits à grande valeur ajoutée avec des perspectives de croissance élevées.
Par ailleurs, la publication fait observer que le Maroc, qui est considéré comme une porte d’entrée de l’Europe vers l’Afrique, est le deuxième investisseur en Afrique subsaharienne et le premier dans la moitié nord du continent.
Selon l’auteur de l’article, « il est difficile de prédire l’issue de cette crise sans précédent entre le Maroc et l’Espagne. Le gouvernement espagnol s’est mis en grande difficulté en ouvrant ses frontières et en accordant sa protection à une personne poursuivie en justice, faisant fi de tous les accords internationaux et de son partenariat avec le Maroc ».
« L’Espagne ne sait pas comment elle peut sortir de cette crise dont le prix politique devrait être cher en interne », note-t-il.
En revanche, relève le journal, « le Maroc s’est montré décisif dans sa position qui tend à rompre avec les relations à sens unique, tandis que l’autre partie adopte des positions marquées par la duplicité ou prône la logique du marchandage et du chantage. Le Maroc tient à ce que l’Espagne soit un véritable partenaire et que les relations entre les deux pays soient équilibrées ».
« La balle est maintenant dans le camp de l’Espagne, car elle est tenue de fournir une explication à l’opinion publique espagnole et marocaine et elle peut corriger l’erreur qu’elle a commise si elle permettra à la justice espagnole d’activer les procédures judiciaires nécessaires à l’encontre du dénommé Ghali, en plus de la publication d’une décision lui interdisant de quitter le territoire », soutient-il.
Al-Ahram conclut que dans son partenariat avec le Maroc, « l’Espagne doit s’engager dans une politique basée sur la clarté, la transparence et les principes de bon voisinage ». (Avec MAP)