« L’Afrique vue par ses photographes » à Rabat
Le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain, à Rabat, abrite actuellement l’exposition « L’Afrique vue par ses artistes, de Malick Sidibé à nos jours » ; une exposition inédite consacrée au photographe malien et à toute une génération de portraitistes à travers le continent africain, qui donne un aperçu sur l’évolution de l’art photographique africain contemporain.
« L’Afrique vue par ses photographes » est un hommage au pionnier de la photographie africaine, Malick Sidibé qui présente des clichés inédits, a affirmé, lundi à Rabat, le président de la Fondation nationale des Musées (FNM), Mehdi Qotbi.
Cet événement artistique qui célèbre le « pape de la photographie africaine », met en lumière l’art du continent, a indiqué M. Qotbi dans une allocution à l’ouverture de l’exposition, soulignant son caractère inédit avec des clichés exposés pour la première fois. Bien que la Fondation Cartier pour l’art contemporain ait déjà présenté une rétrospective consacrée à Malick Sidibé, quelques œuvres de cette figure de proue de l’art photographique n’ont pas été exposées, a-t-il fait savoir.
Intervenant à cette occasion, la commissaire de l’exposition, Jeanette Zwingenberger, a souligné que cet événement artistique excelle par son authenticité, avec des portraiturés ambitieux qui illustrent des enjeux contemporains, sociétaux, culturels, politiques et écologiques du continent africain. À travers ses clichés, Sidibé montre la mise en scène de l’identité sociale, notamment l’incarnation d’un individu, la quête de soi et les identités multiples endossées. Son œuvre exprime une responsabilité de soi et des images, a-t-elle relevé.
Mme Zwingenberger, qui est également membre de l’Association internationale des Critiques d’Art (AICA), a ajouté qu’outre Sidibé, l’exposition célèbre 23 artistes africains dont Zanele Muholi, Pieter Hugo, Osvalde Lewat et Mário Macilau, qui donnent une visibilité à des êtres confrontés à la précarité de l’existence et à la dissolution de l’identité.
« Une conscience de la dignité de l’Homme, liée à un profond engagement auprès de la communauté, imprègne les œuvres », a-t-elle noté.
De son côté, le directeur du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI), Abdelaziz El Idrissi, a signalé que l’exposition « L’Afrique vue par ses photographes » s’articule autour de quatre axes, à savoir l’identité multiple, l’afro-futurisme, les croyances et les mythes.
Ce rendez-vous consacré à la photographie africaine, fruit de la collaboration entre la FNM et le MMVI, intervient après les expositions événements « L’Afrique en Capitale », « Lumières d’Afrique » et « Trésors de l’Islam en Afrique, de Tombouctou à Zanzibar » (en partenariat avec l’Académie du Royaume et l’Institut du monde arabe).
Outre la scène artistique marocaine, le MMVI s’est tourné vers l’Afrique pour se ressourcer de par ses créations artistiques, a relevé M. El Idrissi.
« L’Afrique vue par photographes, de Malick Sidibé à nos jours », est une exposition consacrée à toute une génération de portraitistes à travers le continent. Les portraits instantanés de Malick Sidibé réalisés dans la pure tradition du studio africain, ont habillé les cimaises du MMVI dans un premier parcours.
Parallèlement, le second parcours se focalise sur 23 photographes africains contemporains qui interrogent et déconstruisent les stéréotypes et les clichés longtemps assimilés à l’Afrique, en rupture avec l’optimisme de Malick Sidibé, avec notamment des portraits du Camerounais Samuel Fosso, du Béninois Leonce Raphael Agbodjelou et du Zimbabwéen Kudzanai Chiura.
Né en 1936 à Saloba, dans le sud du Mali, Malick Sidibé a été le seul enfant de sa famille à avoir été scolarisé. En 1952, repéré pour ses talents de dessinateur, il intègre la Maison des Artisans Soudanais à Bamako. Il réalise son premier reportage en 1957 et, un an plus tard, il ouvre son premier studio, puis s’installe dans le quartier populaire de Bagadadji, où il devient témoin de la vie qu’il immortalise.
En 2003, Sidibé est le premier Africain à recevoir le Prix international de la Fondation Hasselblad, puis en 2007, il reçoit un Lion d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière à l’occasion de la 52ème biennale d’art contemporain de Venise.
Malick Sidibé est décédé en 2016 à Bamako à l’âge de 80 ans.