Point de vue

De l’apport du Maroc à la CEDEAO des peuples

Par : El Mostafa NAZIH

Il est de plus en plus question de la réflexion autour du passage de la CEDEAO des Etats à celle des peuples, dans le cadre d’un nouveau paradigme,  42 ans après la création de ce groupement sous-régional. Aussi, la politique africaine du Maroc aura-t-elle le mérite de contribuer à la concrétisation de cette transition ou du moins stimuler l’objectif principal de la Communauté qui est d’atteindre l’intégration économique ?

– Flashback

A sa création, en effet, en 1975 à Lagos, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’était fixée comme objectif principal la coopération économique, voire l’intégration économique entre les pays membres.

Il y a de cela 42 ans, l’occasion de se féliciter, de prime abord, des acquis atteints en ce sens, d’autant qu’au-delà de l’aspect économique, la CEDEAO a étendu ses objectifs au volet politico-sécuritaire en créant en 1990 l’ECOMOG, groupe militaire d’intervention qui devient permanent en 1999, qui est en charge du maintien de la stabilité régionale et qui constitue désormais la force de maintien de la paix.

Malgré les avancées notables dans ces différents domaines, la Communauté a encore des challenges à relever d’abord sur le plan économique (réalisation du projet de monnaie unique), ensuite sur le plan politico-sécuritaire (création de la paix, renforcement du processus démocratique et lutte contre le terrorisme).

Mais on peut tout naturellement se réjouir des acquis favorisant la coopération entre les pays membres de la CEDEAO et la circulation des personnes au sein de ces mêmes pays, tels que la réalisation du Passeport de la CEDEAO, de la Carte biométrique et de la suppression des droits de Douane.

La réalisation de ces objectifs était naturellement progressive eu égard aux défis économiques, sociaux et politiques à surmonter par les différents pays membres.

– Le Maroc apporte sa pierre à l’édifice

La Communauté, qui, dans le cadre de ses perspectives, s’était fixée en 2007 une « vision 2020 » à atteindre, œuvre toujours à passer d’une Communauté des Etats à celle des peuples par différentes procédures.

Le Maroc, qui était géographiquement toujours à l’Ouest et humainement toujours africain, n’a jamais cessé d’apporter sa pierre à l’édifice Ouest-africain et africain, de manière générale.

Quoique le Maroc est encore dans le processus de rejoindre la CEDEAO après l’accord de principe donné par les Chefs d’Etat à Monrovia lors de leur Sommet de Juin 2017, « eu égard aux liens forts et multidimensionnels de coopération » qui lient Rabat aux Etats de cette organisation, selon le communiqué final du Sommet, force est de constater que ses liens séculaires s’étaient tissés dès l’indépendance du Royaume, sur les plans humain, social, économique et politique.

Mais depuis l’accession du Roi Mohammed VI au Trône, l’orientation africaine de Rabat s’est érigée en priorité nationale.

Par voie de conséquence, la cadence de la coopération s’est accélérée en particulier depuis le retour du Royaume à l’Union africaine et ce, par l’action sur le plan juridique et institutionnel concrétisée par les signatures d’accords qui renforcent l’arsenal juridique bilatéral et multilatéral ainsi que les relations entre les différentes institutions au Maroc et dans le reste du continent. Et l’adoption, à ce propos, par le gouvernement et le parlement de conventions signées, tout en assurant la poursuite du chantier d’adaptation, chaque fois que le besoin se fait sentir, de réglementations à celles de la CEDEAO et de l’UA, de manière générale.

– Chantiers multisectoriels

Ainsi, sur le plan économique, il a été constaté que le secteur privé notamment s’est activé en matière d’investissement et, par conséquent, de création d’emplois et contribution à la création de la richesse dans nombre de pays africains.

Sur le plan de l’intégration humaine et sociale, le Maroc s’est distingué comme précurseur en Afrique et dans le monde arabe en matière de régularisation des sans-papiers dont la quasi-totalité (des milliers) est africaine.

Sur ce plan toujours, Rabat a opté pour la scolarisation des enfants des immigrés dans l’enseignement public aux côtés de leurs homologues marocains, encourageant de ce fait l’intégration sociale et l’égalité des chances.

Sans oublier, dans ce cadre, la mobilisation des ONG au Maroc pour leurs apporter toute sorte d’aide, y compris l’accès aux soins dans les structures publiques, ce qui concrétise dans les faits l’aspiration à la CEDEAO des peuples.

Quant au volet de la coopération du Maroc avec le reste du continent en matière de Formation des cadres, le Royaume compte parmi les rares pays ayant opté dès son accession à l’indépendance pour l’octroi de bourses d’études aux étudiants africains, quel que soit la « qualité » des relations politiques avec certains pays, à différentes époques historiques. C’est dire que la volonté de contribuer à l’édification de l’Afrique des peuples, l’Afrique solidaire sous l’égide des leaders porte-flambeaux de cet idéal, ne date pas d’hier.

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