Point de vue

Maroc-Algérie-Rétrospective: l’Initiative Royale et l’idéal maghrébin

Par : El Mostafa NAZIH

L’an 2018 aura été marqué par un appel historique du Roi Mohammed VI pour un « dialogue direct et franc » avec l’Algérie et une proposition du Souverain de création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation afin de dépasser les « différends conjoncturels » entravant le développement des relations bilatérales.

L’appel et la proposition du Roi n’ont reçu, jusqu’à présent, aucune réponse officielle d’Alger. En revanche, l’Initiative Royale a eu des échos favorables en Afrique et dans les autres continents en étant mise en exergue par nombre de chefs d’Etats et responsables politiques, en plus du soutien des Nations Unies. Et pour cause : cette initiative courageuse, qualifiée par différents observateurs et médias d’historique, doit permettre aux deux parties de discuter sans intermédiaire de leurs problèmes issus (ou pas) du conflit du sahara qui dure depuis plus de 40 ans et qui pénalise surtout leurs relations économiques et humaines.

-La voie du dialogue

A rappeler à propos de ce conflit que la seule proposition, jugée par la communauté internationale crédible, sérieuse et responsable, est celle d’autonomie qui a été faite par le Maroc. Elle permet, en outre, comme l’estimaient des politiques qui suivent le dossier, une voie de sortie à même de « sauver la face », « préserver l’honneur » ou encore « la fierté » de telle ou telle partie. D’où l’intérêt du dialogue direct, franc, sincère et de bonne foi entre les deux parties, avec l’instauration du mécanisme politique conjoint suggéré, pour dénouer les blocages des relations bilatérales qui impactent toute la région.

Les opposants à l’intégrité territoriale du Maroc ne peuvent continuer à se barricader éternellement derrière des slogans datant de siècles passés -au lieu de voir la réalité du monde en face- au dépends du progrès économique au Maghreb qui doit nécessairement améliorer les conditions sociales de ses peuples.

Les peuples, marocain et algérien notamment, partagent un socle solide de liens historiques, culturels, religieux, humains, de voisinage et de sang, ce qui continuera à plaider en faveur de sa consolidation. On ne changera ni l’histoire ni la géographie.

Le Roi Mohammed VI est revenu, dans Son discours du 6 novembre 2018, sur « l’état de division et de discorde qui sévit actuellement au sein de l’espace maghrébin. Il s’inscrit en opposition flagrante et insensée avec ce qui unit nos peuples : des liens de fraternité, une identité de religion, de langue et d’histoire, un destin commun. Cet état contraste avec l’ambition de concrétiser l’idéal unitaire maghrébin, qui animait la génération de la Libération et de l’Indépendance, ambition qui s’est incarnée en 1958 par la Conférence de Tanger, dont nous célébrons le soixantième anniversaire », a dit SM le Roi.

Le Souverain a également rappelé que depuis Son Accession au Trône, Il a appelé « avec sincérité et bonne foi » à l’ouverture des frontières entre les deux pays et à la normalisation des relations maroco-algériennes.

« C’est, donc, en toute clarté et en toute responsabilité que Je déclare aujourd’hui la disposition du Maroc au dialogue direct et franc avec l’Algérie sœur, afin que soient dépassés les différends conjoncturels et objectifs qui entravent le développement de nos relations », a souligné le Souverain.

A cet effet, SM le Roi a proposé aux « frères en Algérie la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation », précisant que « le niveau de représentation au sein de cette structure, son format, sa nature sont à convenir d’un commun accord ».

« Le Maroc est ouvert à d’éventuelles propositions et initiatives émanant de l’Algérie pour désamorcer le blocage dans lequel se trouvent les relations entre les deux pays voisins frères », a dit le Souverain, ajoutant qu’en vertu de son mandat, ce mécanisme « devra s’engager à examiner toutes les questions bilatérales, avec franchise, objectivité, sincérité et bonne foi, sans conditions ni exceptions, selon un agenda ouvert ».

-«Une solution pacifique à ce conflit est possible»

Un mois après le discours Royal, une « table ronde » au sujet du différend régional sur le sahara marocain a eu lieu à Genève (les 5 et 6 décembre 2018), à la suite de l’invitation de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Horst Köhler, adressée le 28 septembre et le 23 novembre 2018, au Maroc, à l’Algérie, au « polisario » et à la Mauritanie.

A l’issue de cette table ronde, il a été noté que les discussions s’étaient déroulées, selon des sources médiatiques, dans une ambiance sereine et positive, que l’Algérie, qui se considérait auparavant comme observateur, a été intégrée comme partie prenante, et que les élus sahraouis de la délégation marocaine, Hamdi Ould Rchid et Ynja Khattar ainsi que Fatima Adli, actrice de la société civile au sahara, ont pris part activement à ces discussions, ce qui constitue la consécration de leur légitimité démocratique. A ce propos, M. Kohler, qui a salué la participation active de tous les participants, a confirmé l’enterrement définitif de tous les plans précédents proposés par l’ONU. Le processus onusien redémarre donc sur de nouvelles bases ; de même qu’il a été prévu la tenue d’un nouveau round, ou 2ème table ronde, au cours du premier trimestre 2019.

A Genève, M. Kohler n’a pas caché son optimisme, à l’issue de la table ronde, en déclarant qu’« Une solution pacifique à ce conflit est possible ». « Après nos discussions, il est clair pour moi que personne ne gagne à maintenir le statu quo », a surtout ajouté l’ex-président allemand.

En attendant la deuxième table ronde, c’est là une conclusion positive qui renforce l’espoir des peuples marocain et algérien en l’idéal maghrébin et l’élan qu’inspire l’Initiative Royale ayant marqué la scène politique et diplomatique en 2018.

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