Politique

La gouvernance de la migration doit être appréhendée avec une approche de responsabilité et solidarité (Rapport de SM le Roi Mohammed VI)

La gouvernance de la migration ne doit pas répondre à une gestion d’urgence, mais elle doit être appréhendée avec une approche de responsabilité et solidarité, qui se départit du tout-sécuritaire, souligne le rapport de SM le Roi Mohammed VI sur le suivi de l’opérationnalisation de l’Observatoire Africain des Migrations au Maroc, présenté dimanche devant le 35è Sommet Ordinaire de l’Union africaine (UA), qui se tient à Addis-Abeba.

« La pandémie de la Covid-19 s’arrêtera – le plus rapidement possible, Nous le souhaitons – mais la migration, elle, a vocation à rester », relève le rapport, présenté par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.

Sur tous les continents, et en Afrique notamment, la pandémie a eu un impact majeur sur la migration : la fermeture des frontières et les mesures restrictives visant à endiguer la propagation de la pandémie ont eu « une incidence sur la mobilité des migrants », alors que la restriction des mouvements transfrontaliers a contribué à exacerber la vulnérabilité des migrants à la traite des personnes, en les exposant davantage au risque d’exploitation par les criminels, les passeurs et les trafiquants.

« Les restrictions aux frontières n’ont pas arrêté les traversées. Elles ont eu des répercussions sur les itinéraires migratoires, avec l’apparition de routes migratoires encore plus dangereuses », explique le rapport.

Les retombées économiques et sociales de la migration ont accentué la précarité des travailleurs migrants, notamment les femmes et les jeunes, qui ont été « disproportionnellement affectés » par des inégalités socio-économiques comme le chômage, la chute des revenus dans le secteur informel ou encore l’absence de couverture sociale.

Aux conséquences de la pandémie, se sont ajoutées celles liées aux conflits et au changement climatique tel que la sécheresse, les cyclones et les inondations qui sévissent sur le Continent africain, fait savoir la même source.

Le rapport indique que la crise sanitaire mondiale a, également, freiné les efforts déployés et entamé les progrès accomplis par les États du Continent, dans la poursuite de la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda de l’Union africaine 2063.

La pandémie a constitué une démonstration supplémentaire de l’impact positif des migrants pour le pays d’accueil et des diasporas pour le pays d’origine. « En plus de faire partie des travailleurs essentiels dans leur pays d’accueil, les migrants ont, grâce à leur potentiel, contribué à trouver des solutions créatives et innovantes pour lutter contre la pandémie ».

L’importance de la diaspora est telle qu’on lui attribue, à juste titre, l’appellation de la « sixième région d’Afrique ». La diaspora joue un rôle de plus en plus important pour favoriser le développement socio-économique, notamment par le biais des transferts de fonds. Elle contribue activement à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), des initiatives de développement des compétences et au transfert des technologies.

Malgré les répercussions de la pandémie, les migrants ont, en effet, continué à contribuer au développement de leur Continent d’appartenance, souligne le rapport, relevant que contrairement aux pronostics qui prédisaient leur diminution de 20% du fait de la pandémie, les envois de fonds vers l’Afrique ont atteint 78,4 milliards de dollars en octobre 2020, constituant 11,7% des envois de fonds mondiaux.

Malgré une légère baisse en comparaison avec l’année 2019, les envois de fonds se sont imposés comme une « source plus résiliente et plus fiable que les flux d’investissements directs étrangers », note la même source.

Cependant, l’Afrique enregistre le triste record des coûts les plus élevés au monde en matière d’envois de fonds. Ils s’élèvent en moyenne à 8,5 % du montant total envoyé, soit près de 3 fois la cible des 3 % fixée par les Objectifs du Développement Durable.

Selon certaines études, ajoute le rapport, les retenues pratiquées par les organismes de transfert d’argent à l’international peuvent monter jusqu’à 15%, représentant un manque d’environ 1,6 milliards d’euros de gains annuels pour le Continent africain. Par ailleurs, 10% seulement de ces envois de fonds sont investis dans des projets ou produits d’épargne en Afrique.

Par ailleurs, la pandémie a souligné la centralité du Pacte de Marrakech dont elle a affirmé la pertinence des objectifs. En particulier, la crise a rappelé les risques d’une migration irrégulière, l’importance de la régularisation de la situation des migrants et la nécessité de garantir leur accès à la sécurité sociale.

La pandémie n’a pas empêché les fake news de continuer à circuler sur la migration en Afrique. Pourtant, les stéréotypes ne résistent pas à l’examen : Ainsi, la migration africaine concerne au premier chef l’Afrique. Elle a même augmenté de 13% entre 2015 et 2019.

« La migration africaine ne représente que 14% de la population totale des migrants internationaux, bien moins que les migrants provenant des autres continents », précise le rapport de SM le Roi, indiquant que la plupart des migrants se déplacent à l’intérieur du continent africain et au sein de leur région d’appartenance, en particulier en Afrique de l’Ouest.

La création de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine avec son corollaire de libre circulation des personnes devrait renforcer cette tendance.

Le rapport affirme, en outre, que la crise humanitaire résultant de milliers de morts sur les routes migratoires persiste. « Si la Méditerranée centrale reste la route la plus meurtrière au monde, plus de 11 094 disparus ont été enregistrés en Afrique ces dernières années. Qu’il s’agisse de la migration ou de la pandémie, l’Afrique paie donc un lourd tribut ». (Avec MAP)

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